lundi 23 janvier 2012

ATELIER JOURNALISME - L'expérience des enfants expatriés

Six enfants entraînés par leurs parents dans l'aventure de l'expatriation vous livrent leurs impressions. Bonne ou mauvaise expérience ?

Le grand départ
Pour les enfants, l'annonce de l’expatriation est un moment important. Beaucoup en gardent un souvenir précis. Par exemple, Paul, 8 ans, expatrié depuis un an se souvient  "qu’ils étaient tous dans la cuisine. On nous a demandé si on était d’accord pour partir vivre au Brésil. Mes parents n’y étaient pas encore allés, ils sont partis voir après et ont ramené des photos : je me voyais déjà tout bronzé".

Tous les enfants ne sont pas aussi enthousiastes par l’idée de quitter leur pays. Victor, 11 ans, vit depuis 4 ans au Brésil et ne voit qu’un seul mot pour décrire ce moment : "Horrible ! Je quittais tous mes amis, j’étais triste et mélancolique".
On constate que les avis sont variés mais qu’une fois le choc passé, la curiosité l’emporte sur l’inquiétude.

Pour que la nouvelle soit plus facile à accepter, mieux vaut prévenir les enfants bien en avance, être honnête sur les raisons du départ et le lieu de destination et enfin, leur donner envie.  "Mon père nous a parlé des activités que nous pourrions faire sur place : football pour mon frère et équitation pour ma sœur et moi. Ca a été un des éléments qui a facilité le départ " dit Justine, 15 ans, qui vit à São Paulo depuis 3 ans après avoir vécu plusieurs années en Asie.

Les premières impressions
Les premières impressions, tout comme l’annonce du départ, sont souvent restées un moment important dans l’expatriation. Alors qu’ils s’attendaient à trouver du soleil, la plage et les palmiers, les voici, après 10 heures de vol, déroutés de découvrir une mégalopole bruyante, en perpétuel mouvement et qui ne ressemble pas du tout à ce qu’ils avaient imaginé. "Déjà dans l’avion, le peu que j’avais pu voir de la ville, cachée par les nuages, m’avait perturbé : la grandeur des buildings et l’étendue de São Paulo. Dans le taxi, je me souviens, coincé dans les embouteillages, la pluie torrentielle se brisant sur la voiture, tout comme mes clichés sur le pays." se souvient Maxence, 14 ans, expatrié au Brésil depuis 4 ans. Paul, également arrivé sous la pluie, est plus nuancé : "J’ai été étonné par la pollution et par le nombre d’immeubles mais, d’un autre côté, j’étais content car c’était une nouvelle vie qui commençait". C’est pourquoi, pour éviter la déception, un voyage de reconnaissance en famille peut s’avérer utile.

Vient ensuite le temps de l’installation. Comme le déménagement n’est pas arrivé ou que certaines familles n’ont pas encore d’appartements, ces dernières choisissent la solution du flat (appart-hôtel). Elle est toutefois temporaire. "Au début, on trouve ça marrant d’habiter dans un hôtel, mais très vite la routine s’installe et l’ennui nous gagne. Je me souviens qu’après le collège, une fois les devoirs faits, je tournais en rond jusqu’au dîner." témoigne Grégoire, 14 ans, expatrié depuis 1 an.

Cependant, certains enfants ont trouvé ce premier temps de l’expatriation plaisant. "L’appartement était, certes, d’une taille lilliputienne, mais c’est ce qui a permis à ma famille de se retrouver et de se serrer les coudes", se remémore Justine. Pour faciliter cette vie provisoire, choisissez bien le contenu de vos valises afin d’emmener de quoi tuer le temps.

Nouveau pays, nouvelle école
Quand on arrive dans un pays, il faut partir à la découverte de sa culture et de ses caractéristiques, goûter à la nourriture locale. Pour les jeunes expatriés, la nouvelle vie commence à l'école à laquelle il faut s'adapter : se faire des amis, trouver ses repères. Sans conteste, un des points forts pour nos six jeunes : la cantine ! "La cantine c'est très bon ici " s'écrient-ils, unanimes. Du spaghetti-boulettes en passant par les mini-pizzas, les éclairs au chocolat ou les sushis, rien à redire.

L'accueil est un moment-clé. Justine déclare : "Miriem, la CPE nous aide à nous intégrer dans la classe. Elle m'a accompagnée jusqu'à ma classe, m'a présentée et ça j'ai bien aimé." Victor précise :"Quand on arrive au Brésil on peut se sentir un peu délaissé, mais  les personnes sont très amicales" ; tous disent en effet que les élèves de leur classe sont facilement venus leur parler. En revanche, pour vraiment se lier d'amitiés c'est plus compliqué, surtout quand on est ados, d'après Justine : "On m'avait prévenue que plus on arrive en étant grand, plus c'est compliqué", et Victor ajoute "selon les niveaux de classe, c'est plus difficile. Moi je suis arrivé en CE2 et ça allait, mais pour mon grand-frère ça a été plus dur." Loiza, 11 ans, explique aussi : "C'est dommage : dans les classes, il y a souvent deux groupes. Les Brésiliens sont d'un côté, et les Français de l'autre. Il faut faire attention aux clichés."

Découvertes culturelles
Il est aussi important de connaître la langue : "Surtout la base, conseille Victor, sinon on est perdus". Paul et Loiza précisent : "Si on apprend un petit peu le portugais avant d'arriver, c'est encore mieux ! ". Ensuite, le cours de Portugais Accueil au Lycée français permet d'approfondir la connaissance de la langue brésilienne. Savoir dire « Obrigado », « Desculpa », « Arroz e feijão » n'est pas suffisant ! De plus, "c'est une langue plaisante et pas trop difficile à apprendre" ajoute Justine, "sauf l'accent" ne peut s'empêcher d’ajouter Victor ! Mais aucun doute, Grégoire et Maxence estiment que "c'est indispensable de bien parler le portugais", d'autant plus qu'au Brésil l'anglais et l'espagnol ne sont pas vraiment parlés. Alors au boulot !

Un autre atout pour l'expatriation d'après les jeunes : les découvertes culturelles. Pour Victor "une chose vachement positive, c'est les voyages. En France, on visite surtout des châteaux, des constructions faites par l'homme, alors qu'ici ce sont plus des phénomènes naturels ". Les Lençois, l'Amazonie, ou même les autres pays d'Amérique Latine, comme le Pérou, l'Argentine, le Chili restent de très grands souvenirs. D'après Loiza, "si on était restés en France, on n'aurait peut-être pas eu l'idée de venir découvrir tous ces pays". "J’ai appris beaucoup de choses" dit Maxence. En effet, pas beaucoup d'enfants en France savent faire la différence entre Guarana, Guarana Jesus et Inka Cola (sodas locaux), entre les différents fruits tropicaux ou peuvent vanter les mérites de la gastronomie du Minas Gerais !

Des liens familiaux plus forts
L'expatriation est une expérience qu'on vit en famille : les voyages, les galères du début, les découvertes, on partage tout ensemble et ça renforce les liens. Maxence, Victor et Loiza pensent que ça amène l'ensemble des membres de la famille "à être plus solidaires. Les amis sont loin, alors on parle de nos secrets et inquiétudes avec les gens qui sont là, nos parents et nos frères et soeurs ".

Même si c'est intéressant de découvrir un autre pays, le manque de France est toutefois présent. Côté cœur : la famille et les amis. Dur dur pour Paul qui a ses deux grands frères, Damien et Tristan, qui sont restés au pays natal pour faire leurs études : "Heureusement, il y a internet pour avoir des contacts, et puis on va les voir et parfois, c'est eux qui nous rendent visite ". Loiza aimerait bien voir plus souvent sa famille, et notamment son petit cousin "qui grandit trop vite !". Mais elle se réjouit de l'arrivée prochaine de ses grands-parents à qui elle va pouvoir présenter sa nouvelle vie : "Ca va être trop bien !". Côté estomac, c'est le cri du cœur : Haribos, moules-frites, fromages, chocolat, quenelles, charcuterie, raclettes, etc. Difficile de s'en passer !

Et pour plus tard ?
Au bout de 4 ans et demi d'expatriation, Victor s'avoue "soulagé et heureux" de rentrer en France dans 6 mois parce qu'il a l'impression "d'avoir fait le tour des choses". L'envie de retrouver ses repères français se fait sentir. Et pour lui, pas question d'envisager un futur hors de la France dans les années à venir. La majorité des autres a bel et bien été touchée par "le virus de la bougeotte". D'après Grégoire, partir en expatriation, "c'est une chance qui n'est pas donnée à tous, il faut en profiter. Après le Brésil, j'aimerais bien repartir vers d'autres horizons, comme le Japon ou les Etats-Unis."

Les adolescents ont déjà conscience de l'atout que représente l'expatriation pour leur avenir professionnel : Justine et Maxence estiment que parler plusieurs langues et avoir découvert plusieurs pays enrichit leur culture générale. D'ailleurs pour eux, trouver un métier les amenant à continuer à se déplacer leur semble inévitable. Justine se voit bien intégrer une entreprise comme Air France pour garder la "liberté de voyager". Quant à Maxence, il envisage de devenir militaire, ce qui pourrait l'amener à exploiter ses compétences linguistiques et lui donner la possibilité de faire de nombreux voyages.

Justine B., Grégoire B., Paul B., Maxence J., Victor J., Loiza L.

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