mardi 24 juillet 2012

ATELIER JOURNALISME – Rencontre avec un correspondant de la télévision française

Nos jeunes journalistes ont rencontré Pierre-Ludovic, qui est le correspondant au Brésil pour une chaîne d'info française. Très curieux de découvrir le métier de journaliste-reporter, les enfants lui ont posé de nombreuses questions afin d'en savoir un peu plus

Atelier journalisme - Comment devient-on journaliste ?

Pierre-Ludovic - En CM2, je savais déjà que je voulais devenir journaliste. J'ai commencé à faire un petit journal avec ceux qui en avaient envie. A 15 ans, je suis allé eu centre d'orientation où on m'a expliqué que le mieux c'était de faire Sciences Po, puis une école de journalisme. J'ai passé un Bac scientifique, puis j'ai suivi les conseils qui m'avaient été donnés et ai étudié à Sciences Po, puis dans une école de journalisme, après avoir passé des concours pour les deux.

J'ai commencé ensuite par travailler pour France 2, France 3 et Canal+, puis en 2006 j'ai été embauché par une chaîne d'information continue. J'étais journaliste-reporter et présentateur des infos.

Comment ça se passe un journal télévisé ?

(Pierre-Ludovic montre aux enfants l'un des journaux télévisés qu'il a présenté.) Vous voyez, là derrière moi, c'est la rédaction. J'arrive deux heures avant le premier journal et j'écris mon texte. Je le rentre dans un ordinateur et il apparaît sur une vitre située devant la caméra que les spectateurs ne peuvent pas voir. Pendant le journal, je suis debout et j'appuie sur une pédale pour faire défiler le texte petit à petit. Il y a une progression dans le journal pour les informations : on commence par les nouvelles les plus importantes, souvent les plus graves, pour finir par les plus légères. On prend un ton différent pour les annoncer, et on doit sourire un peu plus.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est votre rôle de correspondant au Brésil ?
Quand on est dans un pays étranger, il faut savoir tout ce qui s'y passe et pouvoir répondre à toutes les questions possibles. Si je dois passer à l'antenne, avec le présentateur du JT on s'appelle avant pour se mettre d'accord sur les questions qu'il va me poser. Je suis au Brésil depuis trois ans, et en général il y a seulement quelques directs chaque mois. Mais par exemple, au moment du crash du vol AF447, j'ai fait 60 directs sur les deux premières semaines pour quatre chaînes de télévision différentes.

Ce que je fais surtout ici, ce sont des reportages. J'ai une formation de rédacteur, mais quand je suis arrivé au Brésil, je me suis mis à la caméra. Du coup, maintenant, je filme, je monte, j'enregistre ma voix, puis je demande à un anglo-saxon d'enregistrer une version en anglais, et j'envoie le tout par Internet. Ca me prend pas mal de temps ! Quand c'est un sujet qu'il faut envoyer assez vite, il me faut environ 3 heures pour tout faire. Si ce n'est pas un sujet urgent, je peux travailler plusieurs jours dessus.

Quels sont les sujets sur lesquels vous avez travaillé ? Est-ce que c'est dur de faire un reportage ?
J'ai réalisé des sujets assez variés sur des thèmes comme la sécurité, la politique, la religion, l'environnement, la Coupe du monde, la culture... Comme au Brésil, il y a pas mal de questions de société qui se posent, j'ai été amené à réaliser beaucoup de reportages sur ce thème. (Les enfants visionnent quelques uns d'entre eux.) Par exemple, dans celui-là, j'ai suivi des gens qui envahissent un terrain abandonné pour y construire une favela. Ils font ça de nuit pour ne pas être repérés, le but est que ça ressemble déjà à une favela le matin et qu'on ne vienne pas les déloger. Dans ce cas-là, la police est arrivée le lendemain vers midi et tout a été détruit.

J'ai fait plusieurs reportages dans des favelas à Rio. Pour travailler dans de bonnes conditions dans les favelas, même ici à Sao Paulo, il faut prendre des contacts avant et avoir quelqu'un de la communauté qui vous accompagne, comme ça la personne peut vous préciser quand il vaut mieux ranger la caméra, pour ne pas avoir des problèmes avec les trafiquants de drogue.

Pour réaliser certains sujets il faut s'y prendre des mois à l'avance parce qu'il faut obtenir les autorisations de différentes personnes et institutions pour pouvoir filmer. Par exemple, j'ai mis un an et un mois avant de pouvoir me rendre sur une île à une trentaine de kilomètres de la côte pauliste où il y a la plus forte densité de serpents au monde.

Naoki MATSUMOTO, Solène RODRIGUEZ-LE MAZOU, Amaury RODRIGUEZ-LE MAZOU, Clémentine LE SAINT, Louis DEQUINCEY (www.lepetitjournal.com/sao-paulo) mardi 10 avril 2012

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